T I M E I S A N I N V E N T I O N
VARIATIONS
Groupe rock français composé de : Jo Philippe Leb (chant) né à Casablanca le 22 mars 1948 ; Marc Tobaly (guitare, chant, composition), né à Fez le 1er janvier 1950 ; P’tit Pois [Jacques Grande] (basse), né à Paris 19e le 21 janvier 1948 ; Jacky Bitton (batterie, chant) né à Casablanca le 2 décembre 1947.
 Avec un entrain farouche, seuls contre tous, les Variations ont maintenu vivace un rock physique et populaire. Influencés par les grands groupes anglo-américains du moment, ils ont évolué entre pop et heavy rock avec, ce qui est tout à fait personnel, l’incorporation d’éléments empruntés à la musique arabe.

À Casablanca, Jacky Bitton joue avec les Jets. Il y fait la connaissance de Jo Leb. À Fez, Marc Tobaly, fonde les P’tits Loups avec Georges et Michel Costa. Venu à Paris (juillet 1966), il est, en compagnie de son frère Alain (manager), de sept ans son aîné, à l’origine des Variations

en compagnie de Jacques Micheli (guitare) et Guy de Baer (basse). Arrivés en France au même moment, Jacky Bitton puis Jo Leb les rejoignent. Jacques Micheli et de Guy de Baer retournent à leurs études, laissant la place à P’tit Pois. En décembre 1966, les Variations remportent le Tremplin du Golf Drouot puis partent en Allemagne et en Scandinavie (mai 1967). Au Danemark, ils enregistrent “Mustang Sally”/ “Spicks And Specks” (label Triola, octobre 1967).

 Ils se produisent aussi souvent que possible, en France et dans les pays limitrophes. Ils travaillent avec Claude Ebrard, directeur de la branche française de la Robert Stigwood Organisation. Le 31 décembre 1968, venus en curieux sur le plateau de l'émission de télévision Surprise Party, ils sont invités à participer. Leur passage est si chaud qu’il en résulte un contrat discographique avec Pathé et la publication en mars 1969 d'un simple, "Come Along". Claude-Michel Schönberg, directeur artistique, supervise leurs séances au studio Olympic de Londres. Andrew Jakeman (régisseur), futur Jake Riviera, voyage régulièrement avec eux, veillant à la bonne écriture des paroles en anglais.

Comme le groupe Devotion, les Variations participent au programme de Johnny Hallyday au Palais des Sports. Marc Tobaly signe quasiment tous les originaux du groupe, dont “What’s Happening” (septembre 1969). “Free Me” (mars 1970) est couplé à un premier — et bien trop rare — morceau en français, “Générations”.Après encore de nombreux spectacles, notamment avant Steppenwolf ou Led Zeppelin, sort le très attendu premier album, Nador (octobre 1970). Mick Fowley, de Grape fruit, y participe. Le passé marocain des musiciens ouvre la porte à des influences (moult percussion, Youssef Berrebi au darbouka) alors peu communes pour une formation de rock dur. Le groupe est de tous les festivals.

Marc Tobaly est puissant, inspiré, racé, omniprésent comme Jacky Bitton, spectaculaire. Jo Leb, un cas, appréhende les planches avec une férocité qui évoque Mick Jagger ou Johnny Hallyday. Le show est musclé, plein de bruit et de fureur. Pourtant, “Down The Road” (mai 1971) montre une volonté de sophistication grâce à l’apport de cordes. Au sortir d’une tournée en Espagne (août 1971), Jo Leb annonce son départ. “Only You Know (And I Know)”, emprunté à Dave Mason, et “I Was Down” sont enregistrés sans lui. Il est remplacé par David Chevalier du groupe palois Shakes (octobre 1971).

 En février 1972, Jo Leb revient. P’tit Pois est lui aussi temporairement remplacé, par Alain Suzan de Alice, mais revient à temps pour une première tournée aux USA. À Cincinnati est enregistré “Je Suis Juste Un Rock’n’Roller” (paroles du journaliste Patrice Michel), considéré comme l’une des meilleures plages du groupe. Carven crée “Variations, le seul parfum vraiment actuel” (février 1973). Take It Or Leave It est produit à Memphis par Don Nix (avril 1973). C’est une œuvre forte et cohérente qui, artistiquement, installe les Variations en bonne place sur la scène internationale. Ils repartent en Amérique (juin 1973) et assurent de fréquentes premières parties : New York Dolls, Tim Buckley, etc. En décembre 1973, un Pop 2 (unique show rock de la télévision française) leur est consacré.Moroccan Roll est commencé à Atlanta, terminé à Boulogne (février 1974).

Jo Leb n’y chante que sur quatre plages. On y découvre Maurice Meimoun, excellent violoniste, et l’organiste Jim Morris. Le disque est publié aux USA par Buddah, provocant un nouvel aller-retour. Une tournée française avec Le Poing en première partie passe par l’Olympia (juin 1974). Pour Café De Paris, réalisé au studio Bell de New York par Michael Wendroff (1975), Jo Leb est remplacé par Robert Fitoussi, ancien des groupes Trèfles et Boots qui fait aussi une carrière solo sous le nom F. R. David. La pochette est de Guy Peellaert.Après la dissolution du groupe , Marc Tobaly fonde King Of Hearts avec Robert Fitoussi, Michael Wendroff et Carl Storie pour enregistrer l'album Close, But No Guitar (1978) dont l'une des chansons, Just Because,est reprise par Ray Charles quelque temps après. Il joue un temps avec le groupe nantais Taurus 5, participant au simple “ Y’a comme un train

qui m’fend la tête" (Vogue, 1980).En solo, il enregistre “Time to Get Better” (Barclay, 1981). Jacky Bitton,quant à lui, réalise Raya Mehemna — Songs For A Brother, Vol. 1 en hommage à son jeune frère, David Chai, décédé (1982). Jo Leb chante sous son nom “Faut qu’ça passe ou qu’ça casse” (Bernett, 1983) qu’il défend dans un show télévisé de Johnny Hallyday. Il est soutenu par les meilleurs musiciens de studio issus du rock, ceux-là mêmes qui accompagnent Marc Tobaly, quelques semaines plus tard, sur Nightmare (Bernett, 1983).

 Les albums des Variations sont réédités en CD par Magic (1996-97), enrichis des faces de 45 tours et d’inédits.


Tiré du Dictionnaire du Rock (Robert Laffont, collection Bouquins, 2000)
 
J-W.Thoury
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